vendredi 31 août 2018

Couleurs…

Rencontre…


Le poids des murs ferme toutes les portes.
Paul Eluard











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Le bleu. Comme il est docile, comme il est discipliné. 
Le bleu est une couleur bien sage, qui se fond dans le paysage et ne veut pas se faire remarquer.
Dominique Simonnet




Sentir les coups sur ses bras, ses mains, son abdomen, ses cuisses l’avait (souvent/parfois* – l’information nous échappe encore à ce niveau ; le temps et la fréquence sont des notions compliquées) soulagé. 
Au départ, la peur l’avait un peu retenu. À présent, les heurts tombaient, toujours contrôlés, mais plus violents. Le bleu sur son corps était de plus en plus soutenu, les marques étaient de plus en plus nombreuses. Il ne voulait pas le casser, ni vraiment l’abîmer, il voulait juste faire passer l’autre douleur, souffler un peu, décoincer cette chose bloquée au creux de ses côtes, ce truc qui enfonçait et immobilisait son diaphragme, ce poids qui lui écrasait la trachée, l’empêchait de crier, coinçait ses mots.


Lorsqu’il frappait, il ressentait le choc, il percevait la douleur, sa diffusion autour de l’impact. Il voyait le rouge monter, la peau se gonfler…
La sensation restait encore après que le rouge s’était dissipé.
Quelques heures plus tard, le lendemain, parfois cela mettait plus de temps, du bleu, du violet, du pourpre ou du brun remontait à l’endroit des coups. La sensation cotonneuse, lourde, quelque fois aigüe, chaude, persistait quelques jours, parfois avec de petits lancements.
La douleur l’enrobait d’un soulagement, lui rendait une respiration.





samedi 4 août 2018

Couleurs…



Comparaison…
Quelle surprise de ne pas percevoir de lignes vertes, bleues ou violettes sur le ventre de Paul.
Cela signifie-t-il que son ami ne soit pas humain, que le corps de Paul, son organisme ne contienne pas de sang ; qu’il soit un extra-terrestre ? …ou même, n’existe pas ?
Au fur et à mesure des jours, du temps, il en aperçoit d’autres dont les bras, les paupières, les côtes, les jambes ne portent aucune trace de ce réseau, de ces motifs… Pourtant il en voit saigner certains – il s’en évanouit, en « perd connaissance ». 

Son corps à lui porte continuellement de la couleur… des teintes similaires à celles qu’il peut observer dans le ciel, selon l’écoulement du jour : aube, aurore, crépuscule, lever du soleil, journée, soir, coucher du soleil, crépuscule, nuit… Son corps prend facilement les tons du ciel… Le seul qu’il ne parvient jamais à saisir est la teinte de l’orage, du temps pluvieux ; sur son corps, le gris ne prend pas.