mercredi 20 juin 2018

Cassandre Oz (chapitre 02)


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Cependant, depuis quelques temps, Cassandre est pris de doutes. Ses formules ne lui semblent plus si fondées, ses analyses et déductions lui paraissent erronées, injustifiées. Il n’ose plus écrire, plus rien dire, exprimer. À vrai dire, il n’ose plus grand chose. La peur le prend au ventre, souvent, n’importe où. La honte l’escalade continuellement. 

       L’objectivité n’existe pas … tout est relatif … l’erreur est humaine … et puis le ridicule ne tue pas ! Tout cela est certainement vrai, mais cette idée d’erreur, cette ombre du doute, ce spectre de l’absurdité, ça bloque, ça donne des sueurs froides… ça fait rougir ! 
       Le rouge, Cassandre le porte mal, surtout sur place, d’autant plus à l’arrêt. Avoir le rouge aux joues après une course est acceptable, aux yeux après vingt longueurs, pas désagréable, mais comme ça, dans l’inaction, il ne le supporte pas. 
       Puis, alternativement, passer par le blanc, le livide… n’est pas plus acceptable.

Arrêter les choses, les décomposer, en scruter les éléments à la loupe ou au microscope, les analyser avec le recul nécessaire, une distance neutralisante… Il n’est plus certain de sa formule ni de son processus de décryptage. 
      – Décortiquer, inspecter tous ces rapports, tous ces signes ou signaux du dehors, est-il le processus adéquat ?
      – Prélever, échantillonner, isoler les différents éléments, examiner chaque détail est-il vraiment juste, sensé ? 
      – Comment un extrait pourrait-il restituer l’essence d’un phénomène ou en déterminer la cause ? 
      Observer, collecter, relever, noter, annoter puis étudier a posteriori constitue-t-il le procédé le plus pertinent pour lire, analyser et comprendre les relations, la communication, le langage ?
Tout cela lui semble tellement absurde, saugrenu, inepte…




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