[…] le rideau des arbres de place en place souffrait de larges accrocs. Ces clartés venaient d’épais tumulus de pierrailles effondrées dont le bombement crevait la frondaison comme des dos de baleines blanches soufflant dans quelque sargasse.
[…]
[…]
Mais le bonheur de la solitude avait fait de moi un clandestin, et j’éprouvais pour le moins du dépit que d’autres fussent familiers d’une terre avec laquelle il me semblait que, dans l’abandon du sommeil, je venais de faire alliance. Tout portait à croire que celui ou ceux qui étaient venus ici, installés peut-être dès le soir précédent, étaient les anciens propriétaires du domaine, ou leurs descendants, ou des voisins. Ou bien étaient-ils, pouvaient-ils être, autant que moi, des étrangers ?
Jacques Abeille, Les jardins statuaires