Il y a une bête dans un coin de ma tête.
La nuit, je me planque sous la couverture et j'attends…
Je crains qu'elle s'anime, qu'elle s'éveille, vienne remplir violemment le vide oppressant, le silence de ses pas légers mais inquiétants, entêtants…
Si j'étais un champignon, chaque matin, chaque minute, j'appréhenderais qu'elle se réveille…
Je l'entendrais crier, rugir, grogner… elle pousserait ses cris perçants, aigus… et se dirigerait vers moi, la truffe au sol, rasant les feuilles de son appendice humide. Elle s'approcherait, s'approcherait, s'approcherait… je sentirais les racines vibrer et me chatouiller le pied…
J'imaginerais déjà ses petites pattes doucement tapissées de fourrure tiède en train de me pincer du bout acéré de leurs griffes derrière mon globe crânien et se mettre à tiquer dedans… je sentirais le souffle de son haleine chaude et fétide…
…je me suis endormi, la bête avait un champignon à fouetter!