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Blanc, pivoine, neige, écrevisse, linge, rouge… ces couleurs successives lui donnent la sensation d’être un point clignotant, une sorte de phare criant, un signal d’alerte inévitable. Il a le sentiment d’être trahi, perceptible, manifeste et son travail contaminé, falsifié. Sa recherche lui semble désormais impossible.
Il doute continuellement de sa non-remarquabilité. Il en vient à penser qu’on ne peut plus l’ignorer. Et si on le perçoit, qu’on prend sa présence en considération, forcément, on agit en conséquence. Cela tourne dans sa tête…
Ses analyses se trouvent donc faussées ! Tout ce qu’il fait, énonce est biaisé, factice.
Peut-être faudrait-il qu’il opère autrement. Il pourrait entamer une observation panoramique et globalisante du quotidien, de ce qui l’entoure. Il pourrait se lancer dans une étude du vivant, sur le vif et en immersion. Pourquoi pas un visionnage formel et continu, un mouvement inclusif et une mise en rapport actif avec le sujet, une implication personnelle ?
Mais il n’a aucune idée de la marche à suivre pour cela.
Accoutumé à une investigation continue, la vie de Cassandre Oz s’était petit à petit organisée autour de ses recherches sur le Cercle. Tout dans son existence s’était orienté autour de ces phénomènes et de leurs observation & analyse. Au fil des ans, son regard, son esprit avaient été éduqués à ne plus voir, appréhender, digérer, penser… en dehors de ces biais, selon ces critères d’évaluations, au rythme d’étapes protocolaires. Il avait perdu l’habitude et même la faculté de regarder sans filtre, fin ou dessein.
Pris dans l’engrenage de son enquête, son étude, en 20 ans d’expérience, Cassandre Oz était devenu un observateur, un spectateur, un témoin total ; un élément extérieur, neutre. Le Dr. Oz était devenu un chercheur exceptionnel, invisible, …étranger à la vie normale, commune, réelle…
L’éminent professeur Oz s’est éteint ce matin à la suite d’une crise chromatique.